Par Nada Al-Rawi
Une morsure de chien ? Une tumeur rompue ? Un manque d’espace ? Depuis longtemps non adopté ?
Euthanasie.
Lorsqu’on entend parler d’euthanasie d’animaux, c’est souvent l’image d’un des deux extremes : l’animal agressif, trop menaçant pour être réhabilité, grognant après avoir mordu quelqu’un, ou bien l’animal flétri, gémissant à cause d’une maladie ou d’une blessure le laissant altéré.
Mais pour ce qui est des êtres rentrant dans aucune de ces catégories, on se trouve souvent ignorant, inconscients des réalités auxquelles subissent les animaux en bonne santé physique et comportementale, ou traitable. Comme moi, il n’y a pas si longtemps, choqué d’apprendre qu’un animal qui reste trop longtemps dans un refuge pourrait se permettre d’avoir un billet aller simple vers « une meilleure vie », comme c’est souvent qualifié.
C’est donc la question de la commodité, notamment à cause d’un manque d’espace ou bien que l’animal ne se fait pas adopter, qui est surtout ce qui fait serrer mes dents lorsque nous parlons d’euthanasie d’animaux. Ce n’est cependant pas que j’ai du mal à comprendre. Je peux sympathiser avec le fait que les refuges soient mis dans le dilemme d’euthanasier les animaux non adoptés pour accueillir d’autres, ou de garder les animaux non adoptés et d’en refuser d’autres.
Mais, ne devrions-nous pas d’abord sympathiser avec les animaux et leur vie en jeu ?
C’est dont ce que les abris sans euthanasie font— aussi connue par leur nom anglais no-kill shelters. Ces derniers sont définis comme « un refuge pour animaux qui ne tue pas les animaux sains ou traitables, réservant l’euthanasie aux animaux en phase terminale ou considérés comme dangereux pour la sécurité publique » (1). Mais, malgré leurs missions de protéger les animaux sains ou traitables, ces abris accueillent de la critique et de la controverse entre les groupes militants pour les droits des animaux.
L’organisation de défense des droits des animaux la plus renommée, connue pour sa position contre les abris sans-euthanasie est PETA. Bien que leurs intentions paraissent bonnes, leur qualification de l’euthanasie des animaux dans les refuges en raison du manque d’espace de « l’option compassionnel » me semble rien de plus qu’une excuse pour le manque de compassion et efforts humaine envers les plus innocents et les plus vulnérables de notre société (2).
La décision de déterminer le sort d’un animal parce qu’il est resté trop longtemps sans être adopté, juste pour faire venir d’autres animaux, qui subiront bientôt le même sort, n’est rien de plus qu’un carrousel d’insensibilité perpétuer par ceux qui sont supposés héberger ces animaux.
Si nous sommes capables de reconnaître les problèmes liés à l’utilisation de cosmétiques testés sur les animaux, de peaux et de fourrures animales utilisées pour la mode, ainsi qu’un consensus social sur quels animaux sont jugés « acceptables » à manger ou non, pourquoi ne sommes-nous pas capables de mettre une limite à l’euthanasie des animaux sains ou traitables, victimes de l’incapacité humaine d’assurer leur bien-être ?
À la place de donner aux animaux une meilleure vie en leur condamnant à la mort, nous devons leur donner cette meilleure vie dans le présent plutôt que de nous dispenser de déterminer leurs sorts. Bref, ce phénomène des refuges sans-euthanasie devrait ouvrir une discussion plus large sur les normes que nous imposons aux animaux ayant besoin d’un nouveau foyer, plutôt que de les repousser vers leur mort.
(1) https://spcaouest.ca/fr/la-spca-ouest-un-veritable-abri-sans-euthanasie/