Droit des affaires, droit fiscal, droit du travail…Ce sont des domaines de droit assez connus et l’on peut facilement s’imaginer la raison pour laquelle un comité étudiant leur a été consacré, mais qu’en est-il du bien-être animal? Qu’est-ce qui fait que des étudiant.e.s ont décidé de se mobiliser et de consacrer un comité à cette cause?
Je dois admettre que le FEDJA est bien différent des autres comités. Bien que nous organisions des activités à la Faculté, nous avons aussi une mission externe, soit celle de défendre les êtres animaux plus globalement. Qu’est-ce qui peut pousser des étudiant.e.s en droit à s’y intéresser? Je l’accorde, on me l’a souvent demandé. Pourtant, c’est une évidence à mes yeux.
Récemment, on m’a demandé ce qui avait été l’élément déclencheur de mon intérêt pour le droit animalier. Je sais exactement de quoi il s’agit. C’était dans mes premiers cours de sociologie au CÉGEP, discipline que je venais tout juste de découvrir et qui m’a tout de suite fascinée. Mes yeux se sont ouverts, bien grands. J’ai remis en question plusieurs choses ancrées en moi depuis l’enfance. Ma façon de percevoir les êtres animaux n’y a pas échappée. Amoureuse des animaux depuis l’enfance, mon cœur s’est un peu brisé devant ma propre incohérence. J’en ai été déstabilisée. J’ai voulu que mes valeurs et mes actions s’accordent désormais.
Cette anecdote est importante, car elle façonne la suite de ma petite histoire. Quand je suis arrivée à la Faculté de droit, comme bien d’autres de mes collègues, je voulais m’impliquer, j’y tenais beaucoup. C’est en regardant la liste des comités existants que j’ai été charmée par le FEDJA. Comme si ça allait de soi, j’ai posé ma candidature pour faire partie de l’exécutif du comité. J’ai été sélectionnée, et à ce moment-là, je savais que je ne le quitterais pas.
Le FEDJA, c’est un comité qui retourne aux sources. C’est un comité qui m’a permis de retrouver toutes les raisons qui m’ont poussé à m’inscrire au baccalauréat en droit : utiliser mes connaissances pour en aider d’autres et changer les choses. Jamais je ne me suis sentie autant à ma place durant mon parcours universitaire. À vrai dire, c’est l’une des seules fois où j’ai l’impression qu’on m’a vraiment ouvert les bras à la Faculté de droit. Ça s’est fait naturellement, pour une fois. Alors que j’ai l’impression de nager dans un univers où il faut tout faire pour se mettre en valeur, enfin, j’ai eu l’impression que je n’avais pas besoin d’être parfaite, d’être celle qui avait le plus d’ambitions ou d’être la candidate qui fait tout pour se faire aimer des autres. Tout ce qu’on voulait de moi, c’était que j’explique l’importance que j’accorde à la cause animale. Quel vent de fraîcheur dans ce monde acharné où pour s’impliquer, il faut démontrer aux autres étudiant.e.s à quel point on va révolutionner le monde. Cette simplicité, j’en serai toujours reconnaissante.
Le FEDJA, c’est de travailler fort pour que les plus vulnérables soient protégés, c’est de faire chavirer les conventions sociétales et de se faire huer parfois parce qu’on est différent.e.s! C’est un comité dans lequel j’ai rencontré des grandes âmes. Qu’on nous reproche de défendre les êtres animaux et de déranger parce qu’on ne reste pas silencieux.ses devant les injustices autant de fois que désiré, je ne prendrai jamais cela comme une insulte. Leurs droits sont tout aussi valides que ceux des êtres humains. La seule différence est que les leurs sont moindres, qu’ils ne peuvent pas se défendre par eux-mêmes et qu’il n’y a qu’une minorité de personnes pour les aider à prendre parole. Et après, on me demande pourquoi la présence d’un comité axé sur le bien-être animal est si importante à la Faculté?
Si vous saviez le nombre de jugements que je peux recevoir quand je dis à quel point c’est un domaine de droit que je trouve important et passionnant. Les regards désapprobateurs qui crient en silence que ce n’est pas prestigieux, que c’est futile, et que je perds mon temps. Je décide de tourner le dos à ce raccourci intellectuel. À ces individus, je répondrai par un euphémisme qu’on utilise souvent dans les milieux professionnels ou dirais-je conventionnels où l’on tente d’être diplomates tout en chassant une personne (saisir ici tout mon amour éprouvé pour cette expression), « bonne continuation ». Je ne vais pas m’excuser d’avoir à cœur les droits des êtres animaux, et je tiens à remercier le FEDJA et les belles personnes qui le font rayonner pour l’enrichissement qu’il apporte à mon parcours universitaire. C’est le plus bel exemple d’ouverture et de solidarité auquel j’ai pris part à la Faculté, un vrai baume sur le cœur dans mon cas.
Je vous laisse sur les sages paroles de l’écrivain Milan Kundera:
“Humanity’s true moral test, its fundamental test…consists of its attitude towards those who are at its mercy: animals.”