Il serait quelque peu paradoxal de proclamer haut et fort les 10 meilleures façons de voyager de manière écologique en ayant moi-même parcouru plusieurs pays en alternant le bus, l’avion, le train lors de ma dernière session à l’étranger.
Néanmoins, il m’est souvent arrivé d’opter pour une alternative plus écologique pour mon moyen de transport. Par exemple, pour me rendre à Prague à partir de la Haye, cela m’aura pris 24 heures de trajet, soit 2 différents bus ainsi que la maladie qui s’infiltrait en moi lentement, mais surement. Comme le dit si bien notre devise québécoise : « je me souviens ».
Lors des voyages à l’étranger, prendre en considération l’utilisation du moyen de transport le moins polluant n’est donc pas si anodin. En effet, nous savons parfaitement que personne n’est vraiment à l’abri de cette réalité. Que l’on soit ou non averti, l’avion est un grand émetteur de gaz à effet de serre. Selon Isabelle Paré, journaliste pour le Devoir, le transport aérien comporte pour 2% à 5% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde[1]. De plus, elle mentionne qu’un transport aérien produit entre 0,7 et 3,2 tonnes de CO2 par vol. Ces données ont toutefois été ignorées par les trois pays ayant l’empreinte carbone la plus élevée par habitant, soit le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis. Avait également renchéri Ximena Sampson, journaliste pour Radio-Canada « l’avion est un grand pollueur […] le transport aérien produit 2,1 % des émissions mondiales de CO2, soit l’équivalent de celles produites par l’Allemagne. »[2]
Nonobstant ce flux de statistiques, beaucoup sont ceux/celles parcourant l’Europe, l’Asie ou le « Sud » afin de s’accorder un repos bien mérité ou simplement un élan de liberté. Peu importe le continent, le fait de partir de son propre pays afin d’en découvrir un autre est une expérience conjuguant excitation et préparation.
Or, c’est ce qui m’amène à me pencher sur le paradoxe subsistant entre le voyage et l’environnement. Pouvons-nous réellement faire un voyage sans négliger l’environnement ? Ces réalités peuvent-elles vraiment s’accorder ?
À cet effet, j’aimerais apporter des pistes de réflexion des longs périples comme celui que j’ai vécu, en harmonisant écologie et voyage.

Le pays des tulipes et des poivrons emballés
La session dernière, j’ai pu transporter ma vie universitaire de l’autre côté de l’océan Atlantique, aux Pays-Bas. C’est seulement après être atterrie sur cette terre hollandaise suite à sept heures de vol, un vol retardé et plusieurs appels plus tard à ma compagnie aérienne que je m’aperçus que mon empreinte carbone n’irait qu’en augmentant pour les six prochains mois.
En étant en cohabitation avec d’autres étudiantes, lesquelles j’ignorais de prime à bord leurs noms, je me retrouvais à partager cuisine, salle de bain et intimité. J’étais donc confrontée aux diverses habitudes de vie de chacune d’entre elle ; Teresa, d’origine chinoise habitant l’Espagne, et Hyejin, originaire de la Corée du Sud. Dans l’appartement, tout était partagé de manière à éviter des surplus de dépenses, sauf pour l’épicerie, laquelle était faite chacune respectivement.
En habitant à 2 minutes de vélo de l’épicerie, j’appréciais mes déplacements qui se faisaient pratiquement tous en vélo : ce comportement était très dutch, je dois l’admettre. Je pouvais donc me procurer tous les aliments requis pour la semaine. Il va sans dire que l’épicerie était un supermarché de grande surface. Qui dit grande surface dit bien entendu emballage, suremballage, je dirais même : les poivrons individuellement, les brocolis, la laitue, les croissants, les tomates, etc. Bref, tout pour faire hérisser les fervents du zéro déchet.
Or, malgré de nombreuses remarques partagées avec mon amie, nous essayions de ne plus consommer ces produits et réorienter nos repas quotidiens pour faire abstraction de ces produits sur-emballés. Enfin, il peut paraître facile de faire ce choix, et même le considérer comme insuffisant. À vrai dire, une des options qui aurait pu être privilégiée est bien entendu les marchés locaux. Celui qui se trouvait le plus proche de chez moi était à 15 minutes de vélo.
En choisissant l’épicerie de l’autre côté de mon appartement, j’avais opté pour la facilité. Le cas contraire n’aurait fait de tort à personne, uniquement l’effort de parcourir 10 minutes de plus. En fin de compte, après quelques allers-retours au marché, j’avais adoré l’expérience. Il s’agissait d’une grande immersion culturelle et gastronomique que de voir les harengs, une spécialité néerlandaise, errant sur le comptoir attendant d’être choisis par le prochain brave gourmand.
Par conséquent, pour la diversité des produits et pour cette expérience incontournable, il ne fait aucun doute qu’il était plus profitable d’aller au marché. Cependant, j’ai souvent été surprise de voir les marchands jeter les sacs que je leur proposais pour mettre les aliments choisis.
Morale de l’histoire : essayer d’éviter d’acheter des aliments qui sont sur-emballés, et consulter les marchés les plus proches, en demandant aucun sac!

Voyager sans contrainte
En étant exposé à diverses cultures et en ayant la curiosité de manger local, voire même de vivre avec des locaux, il ne fait aucun doute que nous nous empreignons de la culture étrangère qui devient soi-disant la nôtre le temps d’un voyage. En effet, le voyage nous offre la chance de visiter des lieux historiques, de goûter abondamment à la culture locale et, surtout, de se créer des souvenirs.
Plusieurs diront que voyager permet de s’évader et de s’échapper quelque peu de nos trains de vie habituels. Entre la routine métro-boulot-dodo, quel bonheur que de s’acheter un billet d’avion en pensant moindrement à son retour. Ce sentiment d’une soi-disant récompense personnelle (enfin, pour mon cas) est toutefois accompagné de ses nombreux lots de conséquences.
Ces élans de joie, précédés de la minutie la plus grande pour réserver adéquatement son vol, sont aussitôt précipités par les nombreuses heures, cantonné à côté de quelqu’un qui, comme soi-même, ne fait qu’attendre d’arriver à destination.
Néanmoins, suite à l’expérience la plus folle, mémorable, triste, joyeuse de nos vies, se retrouver seul(e) après avoir voyagé plusieurs semaines en compagnie de nos ami(e)s et nos nouvelles connaissances peut paraître bien déchirant. Cependant, ce moment d’isolement est la meilleure occasion de faire une certaine introspection. Pour ma part, c’est bien en quittant mon logement dans lequel j’avais vécu les derniers mois, que je me rendais bien compte que cette épopée de ma vie devait prendre fin au zénith. Parmi mes pensées plutôt bousculées, je me disais que j’avais été plutôt chanceuse d’avoir eu cette opportunité d’étudier à l’étranger tout en voguant de pays en pays.
C’est après avoir exploité mon côté plutôt boute-en-train que je réalisais également que j’avais emprunté des habitudes de vie dans lesquelles j’avais trouvé réconfort et facilité. Parmi celles-ci, je relève les diverses soirées au restaurant alors que mon réfrigérateur était plein, ou bien les vols pour Paris à un prix ridiculement cheap, sans compter les innombrables allers-retours en autobus pour aller en Belgique afin de prendre un vol d’avion moins chers.
Enfin, le fait de voyager à ce rythme si effréné a néanmoins éveillé quelque peu de culpabilité en moi. Et puis, voyager peut-il vraiment procurer tout autant de satisfaction en étant écologique?

Astuces écologiques à garder à l’étranger
« Sois végétarien(ne) en voyage ». J’estime qu’une raison parmi lesquelles nous désirons voyager est notamment goûter à la gastronomie locale. Il n’y a, selon moi, rien de plus palpitant que de se familiariser avec la gastronomie dans le pays où nous faisons excursion. Bien entendu, il se peut que la manière dont les éleveurs de brebis, par exemple, ne concorde pas tout à fait avec nos propres valeurs. Même si le mets est exquis et typique de la région, il se peut que le déguster ne figurera pas dans le to-do list de choses à goûter.
Sur ce point, je pense fortement qu’il ne s’agit pas de dicter ce qu’il faut manger ou ne pas manger en voyage, qu’il est important de rester végétarien ou de commencer à l’être, mais bien de pouvoir respecter nos valeurs et respecter nos choix.
Dans ce même ordre d’idées, un des exemples que je peux également relever de ma propre expérience est de ne pas être influencé par les pratiques étrangères en conservant les tiennes ; celles écologiques bien entendu. Il est souvent inévitable qu’en allant au restaurant et en commandant un cocktail sur le menu, celui-ci soit revêtu d’une dizaine de pailles alors que vous n’étiez que 4 à le partager. Le geste d’une bonne conscience écologique à développer pourrait notamment de demander d’ores et déjà aucune paille. Enfin, il se pourrait que certaines pratiques soient inconnues dans le pays, rappelons-nous de l’exemple du sac réutilisable au marché par exemple.
Toutefois, en étant touriste, nos pratiques culturelles et personnelles nous suivent. Nous avons donc l’opportunité de les faire découvrir à la communauté internationale lors des voyages. Pourquoi ne pas partager son savoir avec les locaux, les bonnes pratiques commencent d’abord et avant tout par l’éducation !
Enfin, à travers cet éditorial sans grande prétention, je n’ai ni énuméré les 10 meilleures façons de voyager de manière plus écologique, ni fais de grandes morales, mais j’estime avoir accroché votre attention et avoir remis en perceptive vos habitudes quotidiennes en voyage. Si c’est bien le cas, je m’en retrouve fort heureuse.
Source image à la une : Jadeli Scott